Aujourd’hui (22/11/14, NDT) à 11h (heure de France), l’avocate en Droit Humain de la Defensoría Popular, María Ribera, a été détenue à l’aéroport Charles de Gaule de Paris par des fonctionnaires de la police française qui n’ayant trouvé aucun motif pour lui interdire l’entrée dans le pays, durent justifier sa rétention par des motifs politiques. L’avocate effectue une tournée en Europe, avec l’avocat Rodrigo Román, pour dénoncer devant la communauté internationale la criminalisation par l’État de la protestation sociale au Chili explique qu’à sa descente d’avion et de son enregistrement par la Police Internationale, le fonctionnaire a retenu son passeport et appelé des policier qui l’ont conduite dans une salle d’interrogatoire et par après dans une cellule, où elle est restée enfermée longuement.
« Ils m’ont conduite dans un endroit et ont commencé à m’interroger sur les motifs de mon voyage, ensuite sur mes moyens financiers et les assurances dont je dispose, je leur ai montré que tout était en ordre et que j’avais accomplis toutes les formalités exigées pour l’entrée en Europe. Cependant, ils ont alors prétendu qu’ils ne comprenaient pas l’Espagnol. J’ai répondu que je suis avocate et j’ai exigé que soit respecté le droit international qui permet le recours à un traducteur et la présence du consul mais ils n’en ont eu cure et se sont mis à rire tout en m’enfermant dans une cellule sans me donner la moindre explication. »
L’avocate explique, que plus de deux heures après en la présence d’un traducteur centroaméricain, elle a exigé de connaitre enfin les motifs de sa détention et qu’elle fut sans plus d’explication conduite dans une pièce où l’on a commencer à lui montrer sur écran toute son histoire politique y compris des information concernant sa détention par la CNI (police militaire) à l’époque de la dictature de Pinochet.
« A ce moment, j’ai entendu Rodrigo crier ; Il disait aux policier qu’il allait déposer plaine pour discrimination. Alors un garde est entré et à tenter de m’obliger à signer un document dans lequel je reconnaissais ne pas avoir été l’objet de discrimination. Bien entendu, j’ai refusé. »
Dans le terminal d’arrivée se trouvaient des parents, des amis et des militants sociaux qui attendaient les délégués de « Defensoría Popular » ; inquiets du retard des avocats et après avoir constaté que les seules valises effectuant un tour sans fin sur le tapis roulant étaient les leurs, ils ont alors décidé d’occuper le terminal et d’exiger de pouvoir les accueillir. Les avocats chiliens ont enfin été libérés et ont pu entrer dans le pays et ont pu prendre part aux activités programmées, non sans avoir auparavant annoncé qu’ils exigeraient du Gouvernement français une explication formelle concernant les faits qui se sont déroulés.
Commentaires et reflexions nécessaires
En tant que militantes ou militants sociaux cette arrestation arbitraire nous interpelle :
• Comment se fait-il que les policiers ont choisi d’interpeller cette avocate et pas un autre voyageur ? Pourquoi n’ont-ils pas, puisque l’avocate ne parle pas le français, fait appel directement à un traducteur comme le droit international les y oblige ? Pourquoi n’ont-ils pas prévenu le consul du Chili ?
• María Magdalena Rivera Iribarren est une militante et une avocate qui professionnellement défend des militants sociaux, elle n’est ni une criminelle ni même une délinquante fichée et pourtant, dès son entrée dans l’espace Schengen, un fonctionnaire a choisi de la faire interpeller. Ce qui peut amener à penser que la police chilienne et la police française voire européenne partageraient des informations concernant des militants sociaux. La police a montré sur écran informatique des informations, informations qu’en tant que simple citoyenne je n’ai pas pu obtenir même en scrutant très longuement la toile.
• En tant que personne qui milite, qui s’inscrit dans une vision différente de la société, sommes-nous aussi fichés ? Allons-nous un jour nous retrouver dans un aéroport ou dans la rue arrêtés et devrons-nous assister devant un écran à notre parcours de vie.
• La police française a présenté des informations qui concernent les agissements d’une police qui torturait, violait, utilisait des moyens qu’employait déjà la Gestapo ! Là en tant que militante, je suis choquée et blessée, comment une police européenne ose-t-elle revenir sur un passé si douloureux ?
Esméralda Catinus et Mario Fonseca
membres de FEWLA (soutien actif à la lutte du peuple Mapuche)