Par un temps estival -parce qu’on a bien foutu le climat en l’air- je décide d’aller à la manifestation pro avortement avec mon amoureuse. La veille on m’en avait parlé et j’avais demandé pourquoi aller à une manifestation pro avortement alors que la loi est passée depuis 1990. A l’époque on avait même suspendu les pouvoirs royaux le temps du vote, ce cher Baudouin fricotant publiquement avec le Renouveau charismatique.
Ça fait donc des lustres, et l’avortement me parait une liberté aussi inconditionnelle que celle de faire du vélo, manger une glace ou que sais-je encore. Même si c’est un des pire sale moment mais surement pas pire que d’accoucher d’une créature non désirée, avec les conséquences dramatiques que cela engendre pour la mère, le gosse, et donc l’humanité elle-même par effet domino.
Mais apparemment le vent réactionnaire qui sévit dans d’autres pays européens n’épargne pas la Belgique, et l’on voit descendre dans la rue des familles en pull Lacoste et des prêtres en soutane, qui visiblement trompent leur ennui et la vacuité de leur existence en manifestant sans complexe pour un retour à l’archaïsme.
Mais revenons de notre côté. Le rassemblement pro avortement à lieu place Poelaert. Il y a environ 300 personnes, surtout des organisations de gauche mais aussi quelques personnalités politiques femmes (je précise). Beaucoup de discours sur le podium.
Il est ici question de droit des femmes et de la dénonciation des abus dont nous sommes toujours les victimes, tous pays confondus. L’oppression est bien réelle, et pour ceux qui ne veulent pas la voir, des photographies étaient disposées sur le sol.
Prises de curiosité nous décidons d’aller voir la manif des anti avortement, à quelques pas de là, au Mont des Arts.
Sur le trajet, nous constatons l’arrestation d’un copain. Je prends quelques photos, ahurie une fois de plus de voir qu’ils aiment vraiment faire des clés de bras super douloureuses, et de voir qu’un flic en civil s’était sapé en costard...
Le petit chef me somme de m’en aller et d’arrêter de prendre des photos. Je lui rétorque que c’est mon droit le plus strict (ce qui est vrai) et il me dit que de toute façon l’autorité c’est lui, que je n’ai qu’à aller voir l’article 35 (sic ! Cet article : le voilà -rien à voir... ), et puis il ajoute "je peux être beaucoup plus agressif si vous voulez ». On lui répond qu’on n’en doute pas une seconde (même sa tête est marquée, ses muscles du visage trahissent qu’il n’a probablement plus ri depuis que Franco est mort, à moins que ce ne soit depuis que Pinochet a quitté le pouvoir...). Toujours est-il qu’à un autre gars venu filmer la scène, il demande d’effacer le clip de sa carte mémoire, ce qui est illégal, même quand on a une grosse matraque et un uniforme.
Plus tard on arrive Mont des Arts où environ 350 dangereux extrémistes riches écoutent de la mauvaise techno tandis qu’un panda (!) se pavane sur le podium.
Avec mon amoureuse on s’embrasse près de ce podium et il ne faut pas 30 secondes pour que trois gaillards de la sécurité de la manif, des jeunes trentenaires habillés de belles chemises bleu ciel sous leur chasuble jaune fluo. Deux filles qui s’embrassent, ça ne va pas devant les enfants disent-ils.
Ils nous demandent de quitter les lieux. Je décide d’enregistrer la discussion avec mon gsm pourri. La voici pour vous.
1.
2. (5 minutes plus tard, un securitas revient à la charge parce qu’elle arbore un badge contre le racisme)