Le siècle dernier a montré d’innombrables exemples de la lutte et des sacrifices d’Iraniens ordinaires, qui se sont battus pour toutes sortes de causes : nationalisation de l’industrie pétrolière, vote des femmes, renversement de la monarchie. Pourtant à chaque fois, ces luttes héroïques ont été réprimées, récupérées ou détournées pour servir un discours ou un récit particulier. Un exemple évident est l’extraordinaire diversité des forces laïques, radicales, féministes impliquées dans la révolution de 1979 en Iran, qui n’en ont pas moins été estompées par l’image dominante de prise de contrôle par les mollahs réactionnaires qui est restée de l’événement.
Il y a une grande complexité d’éléments sous-jacents à la toute récente vague de manifestations qui parcourt le pays, et est présentée avec simplisme par des soi-disant “spécialistes de l’Iran” comme un cas d’utilisation des actes et passions de citoyens ordinaires pour servir des intérêts et fins politiques particuliers. Y compris la frustration croissante devant la corruption et l’enracinement dans l’économie du corps des Gardiens de la Révolution islamique, la branche des forces armées iraniennes créée après la révolution de 1979. Il est important également de comprendre les luttes politiques internes qui rongent le régime, et les pressions de longue date qui ont abouti à cette éruption.
Dans la vidéo ci-après, une jeune femme décrit la scène à l’Université de Téhéran quand les Gardiens de la Révolution et la police arrivent sur le campus, et note que de nombreux étudiants ont été battus, quelques-uns arrêtés et emmenés. Malgré les attaques physiques, elle relève que “… les étudiants sont restés debout et continuent à crier leurs slogans.”