L’assassinat d’une personne vulnérable et sans défense (enfant ou vieillard) est particulièrement horrible, et l’on comprend parfaitement que, de ce point de vue, celui de Mme Knoll soit particulièrement insupportable. De ce que l’on nous dit d’elle et des relations qu’elle avait, depuis sa petite enfance, avec celui qui est devenu son meurtrier, ajoute à l’horreur. C’était assurément une très bonne personne, et cela se voit sur son visage sur les photos que l’on nous montre d’elle. Mais pour autant, comment s’empêcher d’être choqué par la récupération de son calvaire par tous ceux qui, à la minute même où le crime a été découvert, ont crié à l’antisémitisme ? Comment ne pas être choqué notamment, par certains des propos qui ont été tenus par Serge Klarsfeld le 28 janvier dans l’émission C à vous de France 5 ?

Sur le caractère antisémite de l’assassinat de la malheureuse vieille dame d’abord : on en saura, je l’espère, un peu plus lorsque les résultats définitifs de l’enquête et des interrogatoires nous serons connus. Certes, le parquet a retenu l’accusation de vol aggravé et homicide volontaire à caractère antisémite. Mais en même temps, on nous apprend que les deux assassins, ce qui n’enlève rien à l’horreur de leur crime, semblent être deux pauvres types au point que si le caractère antisémite de leur geste a été d’emblée reconnu, c’est que l’un d’eux a assuré que son complice s’était acharné sur la victime aux cris de « Allah Akbar »., ce qui en dit quand même long sur ce qui semble être le système de défense d’un individu qui doit avoir un quotient intellectuel très inférieur à la moyenne et peut-être proche de la débilité.

On se souvient sans doute que le caractère antisémite de l’assassinat d’Illan Halimi avait été reconnu après plusieurs semaines d’enquête, puis celui de Mme Halimi il y a tout juste un an, après quelques jours. Va-t-on se plaindre que les enquêteurs aient pris le temps qu’il leur fallait, avant de lancer une telle accusation que l’on ne peut avancer à la légère ? Eh bien pour Serge Klarsfeld, invité sur la 5 le 27 mars, tout délai dans la dénonciation du caractère antisémite d’un crime est un scandale proportionnel au dit délai. Scandale absolu dans le cas d’Illan Halimi, scandale un peu moins choquant pour le meurtre de Mme Halimi. De là à dire que dès qu’un crime crapuleux touche un « membre de la communauté juive », pour reprendre un terme que Klarsfeld a utilisé à de nombreuses reprises est un acte antisémite, il n’y a qu’un pas que le médiatique avocat n’a pas été loin de franchir.

Peu au fait du son parcours personnel j’en étais resté au Klarfsfeld chasseur de nazis. Quoi qu’il ait pu dire sur la 5, je n’ai pas l’intention de lui ménager mon admiration pour cela. Encore que je n’aie jamais ouï dire qu’il ait pris quelque distance avec son fils quand celui-ci s’était engagé dans les gardes frontière israélienne. Mais ses propos tenus hier n’en ont pas terriblement brouillé l’image que je me faisais de lui. Une phrase en particulier m’a révulsé : « Ce n’est pas un bouddhiste qui a assassiné Mme Knoll, c’est un Musulman ».

A partir de là, tout était dit.